• "J'ai une nouvelle à t'annoncer".
    Encore une blague bidon de Papa pour me dire que mes parents m'ont vendue pour une autre petite fille ou pour me dire que j'allais vivre chez ma marraine surement...
    "Il y a un poste de libre de directeur régional, à Toulouse."
    Je n'ai pas tilté tout de suite. Je pensais que c'était encore une blague de mon père pour nous faire peur à ma soeur et à moi-même.
    Mais après quelques minutes où le nom "Toulouse" a été répété pas mal de fois, j'ai compris que c'était sérieux.
    Ils m'ont demandé mon avis, je n'ai rien répondu.
    Je sais que cela contribuerait au bonheur de mon père de continuer son ascension professionnelle, parce qu'il s'est donné les moyens de progresser toute sa vie.
    Je sais que Toulouse ça veut dire soleil. Et il m'a encore bien sur vanté les autres avantages "mer, montagne" etc. Et à ma mère de rajouter "tu dis tout le temps que le Nord, c'est moche et pourri".
    Oui j'ai dit ça.
    Mais c'était difficile pour moi de réprimer cette moue qui commencer à s'afficher sur mon visage, difficile de ne pas laisser ma bouche trembler. J'ai repris des pâtes trois fois sans les sentir passer dans mon estomac, c'était comme si mon ventre était troué. A force de me retenir j'avais presque envie de vomir.
    Quitter la famille, les amis, Lui.
    Il a été ma première pensée. Je sais ça peut paraître stupide pour une gamine de 16 de croire à l'Amour et de ne pas vouloir partir parce qu'enfin elle aime.
    Mais si, moi je suis comme ça.
    Je n'ai plus rien dit, j'ai pensé à toutes ces personnes qui font de mon quotidien un rayon de soleil.
    En montant j'ai vu mon visage boursoufflé et j'ai laissé couler les larmes. J'étais pitoyable, j'avais l'air de rien.
    Je sais que nous ne partirons pas, enfin non je ne sais pas mais je l'espère de tout mon coeur, mais c'était plus fort, je suis bouleversée.

    J'ai envie de pleurer, je dois encore travailler. Tant pis, je travaillerai les yeux embués.


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  • Voilà, j'ai fini de préparer les enchiladas.
    Que j'ai failli ne pas continuer.
    Je sais que je suis maladroite. Seulement maman n'avait pas à m'engueuler parce que j'ai dégueulassé sa belle cuisine en faisant tomber la spatule pleine de sauce tomate sur son beau carlage. Je me suis malencontreusement brûlée sur le rebord de la poêle, mais ça, elle n'en a que faire apparement.

    Je comprends pourquoi aussi peu de confiance en moi. Quand je dis que tout ce que je fais c'est nul c'est parce qu'on ne m'a jamais félicitée quand c'était bien. Il y avait toujours une petite bête qui donnait prétexte à râler.
    Alors je n'ose plus prendre la parole librement, je n'ose pas dire ce que ma pensée retient.
    Je n'ose plus laisser liberté à mes mouvements.
    Je n'ose plus agir.

    Heureusement, Papa est venu m'encourager. Avec Tonton.
    "C'est pas véto qu'il faut que tu fasses toi, c'est les Beaux Arts! Tu seras peintre de crèpes!".


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  • C'est comme si une force était en moi ces derniers jours pour m'encourager à travailler et à ne pas baisser les bras.
    Peut-être que c'est tout simplement le fait d'avoir vu le soleil briller toute la journée aujourd'hui.

    Il était déjà là hier, je l'admirais déjà dès son lever de la classe où j'avais cours d'histoire. Deux heures d'ailleurs qui sont passées bien vite. Mon professeur est une réelle encyclopédie. Je l'admire. Vraiment. Et puis il dégage quelque chose, c'est obligé de le regarder bouche bée et de se dire "Wahou, mais ce type est vraiment un dingue! Et moi je suis assise sur ma chaise, pauvre petite ignorante de l'histoire, de la politique, du monde, de la vie, de tout..."

    N'amoureux avait préparé un repas délicieux. Du riz aux pommes.
    Et encore une fois je me suis sentie comme une incapable. Mais le désir est là en ce moment, d'apprendre.
    Alors je l'ai regardé faire avec amusement et admiration.
    Et ce midi... J'ai fait... du riz aux pommes. D'après mes parents c'était bon.
    Vous allez voir, je vais prendre ces 8 tomes de l'encyclopédie de la cuisine moderne et moi aussi j'arriverai à faire de bons petits plats!
    D'ailleurs ce soir c'est moi qui prépare les enchiladas!

    J'ai du recopier ce foutu carnet de bord et ma synthèse pour les TPE.
    Entre deux je m'accordais des minutes de rêve, en regardant le ciel délavé et ce doux soleil.
    Je m'imaginais encore avec lui et son regard pénétrant, qui sait me lire.
    Il me suffit juste d'un regard et j'ai l'impression d'être la fille la plus heureuse au monde.
    Je pense déjà aux vacances et j'ai très envie qu'on prévoie quelque chose ensemble.
    Je suis juste sur un petit nuage tendre qui m'esquisse un sourire.

    Image : Toolow


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  • Quelque part, ici ou là,
    Ils se retrouvaient nus pour la première fois.
    Le voile étoilé tombé,
    Plus de pudeur ni de timidité.
    Les langues devenaient serpents dansants,
    Leurs corps brûlants comme des volcans.
    Il caressait ses seins,
    Comme le vent caresse le flanc des collines.
    Un seul regard,
    Et sur leurs visages un croissant de lune brillait.
    « Embrasse-moi » entre deux soupirs.
    La bise soufflait dans la vallée,
    Aux effluves du désir.
    Eveil des sens,
    Jouissance dans le silence.

    Il était le ciel, elle était la terre.
    Ils fusionnèrent.


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  • Des fois, je me demande quel serait le film de ma vie.

    (Caméra à la première personne avec ma voix, un peu genre Joël dans Eternal Sunshine).

    "Quelle vie fade je mène. Je suis là dans le bus à regarder le ciel bleu nuit, le regard perdu. Et puis il y a encore ces troubleurs de silence avec leur musique totalement déjantée et insupportable. Tiens, Papa est encore au bistrot... En plus il s'est encore garé comme un pied, tsss. Pourquoi la vitre ne me revoie-t-elle pas mon reflet? Ne suis-je donc rien? Qu'un corps vide sans expression et sans but? Ces mots... Ils me laissent perplexes. Plus je les lis, plus l'émotion et les larmes montent. Tant par leur beauté, leur force que par le dégoût que j'ai pour moi. Oui je sais, Marion arrête de te plaindre. Tu n'es PAS à plaindre, tout le monde te le répète. Mais non pour moi c'est plus compliqué, toujours compliqué. C'est plus compliqué que d'avoir de bons résultats scolaires, d'avoir une vie de famille équilibrée, d'avoir un amoureux. Le plus compliqué, c'est de toujours voir la vie belle. D'être comme il faut. Et moi ça je n'y arrive pas toujours... Je voudrais juste servir à quelque chose, à quelqu'un, prouver que moi aussi j'ai des choses qui me sont propres et qui font que je suis unique. Mais quelles choses?  Zut, me voilà déjà arrivée."

    Franchement, le bus, ça tue.


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