"Pleure pas, hein."

Et c'est parti, impossible de retenir les larmes devant toutes ces filles.

Pourquoi ces trois pauvres mots sont-ils déclencheur? Je ne comprends pas les gens. Pourquoi ils ont besoin de dire ça. Ca fait toujours tout foirer. Au lieu de faire comme si de rien n'était.

Je me suis sentie faible devant ma petite soeur. Faible. Je pensais tout bas. T'es faible Marion, ta soeur te regarde pleurer là comme une pauvre loque. Tu voudrais lui dire que ce n'est pas grave, que tout va bien mais les mots ne viennent pas.

Quand on cherche à consoler, à savoir, c'est pareil. 

Je sniffe et je sens mes larmes toutes chaudes toutes fraîches sur mes joues et ça coule de partout. Le visage caché dans les mains.

Les mots ça sort pas. Ca se dit pas tout de suite la cause d'un chagrin. On peut pas bien s'expliquer, expliquer sa douleur, sinon ça recommence de plus belle.

Respecter le silence. Pourquoi on a honte de pleurer devant les gens.

La solitude, c'est une connerie, un fléau qui me bouffe. 

Le pire quand elle t'a pris c'est que tu ne peux pas en sortir si on ne t'aide pas.

Je deviens parano ou je ne sais quoi, je manque de vocabulaire, j'ai l'impression qu'on ne m'aime pas, que je n'existe pas.

Les gens ne sont pas conscients des liens qui les unissent aux autres. Ils ne voient pas que c'est important, vital. Ils vivent parfois tout simplement.

J'ai besoin d'une personne essentielle à qui je le suis aussi.

J'ai besoin de sentir un lien d'amitié d'amour fort.

J'ai besoin de complicité. D'échanges qui durent toujours.

On a pas le temps. Jamais. De dire ce qu'on veut, de juste apprécier la compagnie des autres. J'y arrive pas. A sortir les premiers mots pour faire une belle relation pleine de découverte, de partage, d'émerveillement, de rires.

J'aimerais juste qu'on me caline de toutes ses forces.

Mes parents, ma soeur, n'Amoureux, mes amis.

Et toujours ces mots qui reviennent. Ceux de K.

"Pourquoi sommes-nous si seuls? me demandai-je. Pourquoi est-il nécessaire que nous soyons si seuls? Tant de gens vivent dans ce monde en attendant quelque chose les uns des autres, et ils sont néanmoins contraints à rester irrémédiablement coupés des autres. Cette planète continue-t-elle de tourner uniquement pour nourrir la solitude des hommes qui la peuplent?"